Parmi la vingtaine de squelettes exhumés courant février, "de nombreux corps portent les stigmates d'un véritable acharnement", souligne l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a annoncé la découverte la semaine dernière.
La plupart ont été tués à l'arme blanche, lors de la fuite de l'armée catholique et royale vendéenne devant les soldats républicains les 12 et 13 décembre 1793.
"Il y aurait au total 2.000 corps enterrés dans le centre-ville du Mans", évalue Pierre Chevet, responsable scientifique de l'opération.
Pour l'historien Reynald Secher, "la découverte des charniers du Mans oblige l'Assemblée nationale à se pencher sur la reconnaissance du génocide vendéen".
"Si le Parlement ne le faisait pas, nous réfléchissons actuellement, avec d'autres universitaires et des politiques, à saisir la Cour pénale internationale de La Haye à plus ou moins brève échéance", déclare cet historien à l'origine de la thèse du "génocide vendéen" en 1986.
Selon lui, la "volonté exterminatrice des révolutionnaires" est établie dans plusieurs documents.

Source photos : Inrap
"Les Vendéens n'étaient pas tués pour ce qu'ils faisaient, mais pour ce qu'ils étaient", soutient l'historien, qui compare ce "génocide" à celui des Arméniens par l'Empire ottoman en 1915-1916 ou à celui des Juifs par les Nazis entre 1939 et 1945.
LE TERME "GÉNOCIDE" RÉFUTÉ
Le débat, qui agite la communauté universitaire depuis maintenant plus de vingt ans, a aussi gagné la sphère politique.
Partisan de cette thèse, Hervé de Charette a été à l'origine, avec huit autres députés UMP et MPF (villiéristes), d'une proposition de loi à l'Assemblée nationale en 2007 pour la "reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794", restée jusqu'à présent lettre morte.
"Il est possible que la découverte des charniers du Mans remette le débat à l'ordre du jour, mais je ne me fais pas trop d'illusions", a déclaré à Reuters l'ancien ministre des Affaires étrangères.
"Cette parole réconciliatrice n'est jamais venue de Paris depuis 200 ans, il y a donc peu de chances pour qu'elle arrive aujourd'hui."
Le terme de "génocide" est fermement rejeté par un certain nombre de spécialistes de la période, dont Jean-Clément Martin, ancien professeur d'Histoire à la Sorbonne et directeur retraité de l'Institut de la Révolution française.
"Reynald Secher utilise des citations exactes, mais qu'il détourne de leur contexte", estime-t-il.
"Il y a bien eu ordre de tuer les contre-révolutionnaires, mais jamais de détruire un groupe humain, religieux ou ethnique. Les mêmes mesures extrêmement violentes avait été prises concernant les contre-révolutionnaires lyonnais, par exemple."
Selon lui, "il y a bien eu des crimes de guerre et des batailles abominables, c'est clair, mais en aucun cas un génocide" lors des guerres de Vendée.
Source : L'Express
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