Un Oeil sur la Vendée

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mardi 7 avril 2009

Des charniers relancent le débat sur le "génocide vendéen"

Qualifiée de découverte archéologique majeure par les spécialistes, la récente mise au jour au Mans (Sarthe) de deux charniers datant des guerres de Vendée ravive les espoirs d'une reconnaissance du "génocide vendéen" chez les tenants d'une telle thèse.

Parmi la vingtaine de squelettes exhumés courant février, "de nombreux corps portent les stigmates d'un véritable acharnement", souligne l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui a annoncé la découverte la semaine dernière.

La plupart ont été tués à l'arme blanche, lors de la fuite de l'armée catholique et royale vendéenne devant les soldats républicains les 12 et 13 décembre 1793.

"Il y aurait au total 2.000 corps enterrés dans le centre-ville du Mans", évalue Pierre Chevet, responsable scientifique de l'opération.

Pour l'historien Reynald Secher, "la découverte des charniers du Mans oblige l'Assemblée nationale à se pencher sur la reconnaissance du génocide vendéen".

"Si le Parlement ne le faisait pas, nous réfléchissons actuellement, avec d'autres universitaires et des politiques, à saisir la Cour pénale internationale de La Haye à plus ou moins brève échéance", déclare cet historien à l'origine de la thèse du "génocide vendéen" en 1986.

Selon lui, la "volonté exterminatrice des révolutionnaires" est établie dans plusieurs documents.



Source photos : Inrap

"Les Vendéens n'étaient pas tués pour ce qu'ils faisaient, mais pour ce qu'ils étaient", soutient l'historien, qui compare ce "génocide" à celui des Arméniens par l'Empire ottoman en 1915-1916 ou à celui des Juifs par les Nazis entre 1939 et 1945.


LE TERME "GÉNOCIDE" RÉFUTÉ

Le débat, qui agite la communauté universitaire depuis maintenant plus de vingt ans, a aussi gagné la sphère politique.

Partisan de cette thèse, Hervé de Charette a été à l'origine, avec huit autres députés UMP et MPF (villiéristes), d'une proposition de loi à l'Assemblée nationale en 2007 pour la "reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794", restée jusqu'à présent lettre morte.

"Il est possible que la découverte des charniers du Mans remette le débat à l'ordre du jour, mais je ne me fais pas trop d'illusions", a déclaré à Reuters l'ancien ministre des Affaires étrangères.

"Cette parole réconciliatrice n'est jamais venue de Paris depuis 200 ans, il y a donc peu de chances pour qu'elle arrive aujourd'hui."

Le terme de "génocide" est fermement rejeté par un certain nombre de spécialistes de la période, dont Jean-Clément Martin, ancien professeur d'Histoire à la Sorbonne et directeur retraité de l'Institut de la Révolution française.

"Reynald Secher utilise des citations exactes, mais qu'il détourne de leur contexte", estime-t-il.

"Il y a bien eu ordre de tuer les contre-révolutionnaires, mais jamais de détruire un groupe humain, religieux ou ethnique. Les mêmes mesures extrêmement violentes avait été prises concernant les contre-révolutionnaires lyonnais, par exemple."

Selon lui, "il y a bien eu des crimes de guerre et des batailles abominables, c'est clair, mais en aucun cas un génocide" lors des guerres de Vendée.



Source : L'Express

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