Symbole du "miracle économique vendéen", Sodebo a imposé ses pizzas et ses sandwichs dans les rayons des grandes surfaces françaises grâce à une politique d'innovation qui lui permet de financer son essor en se passant des banques et de la Bourse.
Cinquante ans après sa création, l'ancienne charcuterie artisanale de Saint-Georges-de-Montaigu (Vendée) - qui emploie aujourd'hui 2.000 personnes sur un site de 70 hectares - est ainsi toujours dirigée par les trois filles des fondateurs, Joseph et Simone Bougro, et deux de leurs maris respectifs.
Cette indépendance a permis à la Société des établissements Bougro (Sodebo) d'assumer pleinement ses prises de risques, en consacrant la moitié de ses bénéfices à ses investissements, sans avoir à rendre de comptes à des tiers.
"Mieux vaut tenter, quitte à ne pas réussir, que de ne rien tenter : on tire toujours des leçons de ses échecs et de ses réussites", plaide Marie-Laurence Gouraud, 49 ans, l'aînée des trois filles Bougro, qui a la charge des services de recherche et développement de l'entreprise.
Sodebo a par exemple tiré profit de l'échec de ses "lasagnes italiennes", dans les années 1990, pour lancer les premières "PastaBox", des boîtes de pâtes fraîches réchauffables au four micro-ondes.
"Depuis, quatorze autres marques se sont lancées, mais nous avons gardé 40 % de parts de marché", souligne sa soeur Patricia Brochard, 48 ans, dont le service marketing met en vente chaque année une cinquantaine de nouveautés.
INTÉRESSEMENT ET PARTICIPATION
Selon elle, la France a ainsi des raisons d'espérer quant à son avenir économique, à la condition expresse de "laisser un peu d'autonomie et de liberté aux jeunes".
"Les Français sont assez ingénieux, mais on tue leur créativité en les déresponsabilisant et en légiférant à tout bout de champ", estime Patricia Brochard. "Avec le principe de précaution, par exemple, on a peur de tout. Plus personne n'ose lever le petit doigt."
L'autre élément du succès de la famille Bougro repose sur sa proximité avec ses salariés, à qui sont reversés l'autre moitié des bénéfices de l'entreprise, à travers des accords d'intéressement et de participation enviés dans cette région.
Une crèche d'entreprise leur a également été construite il y a deux ans, tandis qu'un système de garde d'enfants à domicile a été instauré pour les salariés qui travaillent dès potron-minet.
Enfin, une balade en mer est offerte chaque année à une centaine d'entre eux, à bord du maxi-trimaran du navigateur Thomas Coville, sponsorisé par Sodebo.
"Ici, il n'y a pas d'organisation pyramidale, on travaille de façon transversale", explique Patricia Brochard, une "co-présidente" que la plupart des salariés tutoient. "Notre réussite est aussi le fruit de cette intelligence collective."
PAS DE DÉLÉGUÉS SYNDICAUX
Les syndicats portent de leur côté un regard plus circonspect sur les conditions de travail dans cette entreprise de 2.000 salariés, où aucun d'entre eux n'a réussi à s'implanter.
"Il y a plusieurs années, nous avons tenté de présenter des adhérents sous étiquette syndicale aux élections du comité d'entreprise", se rappelle Anne-Flore Marot, responsable de la CFDT en Vendée. "Mais cela a été purement impossible : ils ont été l'objet d'une forte répression de la part de la direction."
"Comme souvent en Vendée, on a affaire à des employeurs qui ont commencé petit et ont tout monté de leurs bras", estime-t-elle. "Ils ne voient pas arriver les syndicats d'un bon oeil : pour eux, c'est le loup qui arrive dans la bergerie."
"La représentation des salariés se fait par le biais du comité d'entreprise et du comité d'hygiène et de sécurité ", rétorque Patricia Brochard.
"Le climat social étant sain et le dialogue social clair, il n'y a jamais eu de candidature syndicale aux élections des délégués du personnel."
Source : Reuteurs du 06 avril 2011
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